Il fait beau !
Nos montagnes sont plus belles que jamais.
La neige est là, superbe, abondante… et c’est bien là le problème.
Pour les amateurs de ski de randonnée ou de raquettes en altitude, il faut mieux avoir en tête que la situation est assez exceptionnelle. La vigilance normale pour ces activités doit être boostée au maximum. Le bon sens et la modestie sont de rigueur pour quelques jours au moins.
En clair le risque d’avalanche dépasse largement l’évaluation du BERA de 3 dans notre secteur. Cette évaluation globale, déjà forte, inquiétante, ne correspond plus aux situations de la plupart des pentes d’altitude. Pourquoi ?
- L’épaisseur du manteau approche ou dépasse les 2 mètres à 2000m (mesure effectuée sur la crête de la Brèche à Fouran) : Sur les pentes faibles, cette masse se tasse progressivement. Dés que l’on dépasse les 25° ou raison de plus 30°, le tassement est combiné à une reptation vers l’aval. L’effet de levier aggrave le déséquilibre.
- Le tassement demande plus de temps qu’à l’accoutumé en raison de l’épaisseur de neige froide, jusqu’au sol.
- Les températures plus basses que la normale, surtout en journée, ralentissent encore le processus et peuvent aggraver l’instabilité en modifiant de manière destructive la structure des cristaux.
- L’ensoleillement de mi mars est sans effet thermique sur toutes les pentes à composante nord, car trop tangent. Seules les vraies pentes sud chauffent de manière importante, surtout si elles sont raides.
- Sur ces pentes justement la transformation de surface est rapide, mais la reptation est accélérée ; la rupture est imminente, surtout quand la croûte commence à ramollir ? La moindre surcharge suffit à déclencher l’avalanche. (Sur le versant Sud est de Fouran, dit de Manouel, la plaque est déjà partie, rive droite et les crevasses de rupture (gueules de baleines) se multiplient vers le couloir skiable. Tout cela est bien visible de la vallée).
- Le vent très fort, déplace beaucoup de neige, forme des « vagues » mais surtout des plaques. La lecture du terrain devient compliquée.
Un grave accident vient de se produire à la Tête de Vautisse. Il ne nous appartient pas de disserter mais seulement de rappeler, que pour quelques temps, certains secteurs doivent impérativement être évités.
La vigilance ne doit pas être atténuée par des éléments de communication extérieurs au terrain lui-même. Ainsi, en regardant ce qui se fait sur les sites collaboratifs du net, ne considérez pas que puisque une sortie a été faite, elle est sûre ! Les skieurs qui déclarent leurs sorties, le font pour des raisons très variées, et la pertinence du choix de la sortie n’est pas toujours évidente. Ne vous laissez pas endormir par des comptes rendus, parfois drôles, quelques fois inexacts ou ambigus. Pour des skieurs qui « se la jouent » le risque de surenchère existe.
Pour notre secteur, le site web le plus en vogue, Skitour est inadapté à la réalité de la pratique. Notre Tête de Fouran, course exceptionnelle par sa beauté de ski, sa sécurité, son paysage et bien sûr sa fréquentation se fait à 95 % au moins par la Crête de la Brèche (voie normale). Cette course n’est sur Skitour, qu’une variante de : Tête de Fouran par le couloir de Manouel en boucle. C’est bien sûr une combinaison magnifique mais très peu fréquentée heureusement compte tenu des risques, si la situation est mal évaluée. J’ai signalé, sans résultat, cette anomalie à Skitour à plusieurs reprises. Les skieurs faisant cette voie normale de Fouran, déclarent leur sortie sur cette fiche cadre, pouvant laisser croire qu’ils ont fait la boucle.
En ce moment laisser croire qu’on peut skier « innocemment » Manouel ou le Clot est dangereux. Toutes les pentes soutenues (je ne parle pas du ski dit extrême) doivent être évitées pour quelques temps, même si la tentation est terrible.
Notre propos n’est pas d’ouvrir une polémique mais de faire en sorte que des skieurs ne s’engagent dans des itinéraires engagés qu’en connaissance de cause. De nombreuses plaques sont parties mais l’essentiel des masses est encore sur les pentes. Se rappeler aussi que le matériel dit de sécurité (DVA, pelle, sonde…) ne sert qu’après l’incident, et n’est en réalité qu’un équipement de SAUVETAGE, souvent dérisoire si l’erreur d’appréciation est grave et qu’il n’y a pas de miracle.
LOUIS VOLLE
Nouveau ce 26 mars : La commune s'associe à Louis Volle pour remercier le site collaboratif SKITOUR qui a bien voulu transformer sa fiche type sur la Tête de Fouran, décrivant désormais la voie normale (croupe de la Brèche) comme course de base et les pentes de Manouel et du Clot comme variantes. Merci au très persuasif Bernard de Miscaut.
Chaque jour qui passe transforme la neige et assainit les pentes. Les pentes sud seront bientôt excellentes. Pour vouloir aller trop vite on skie dans la croûte et on prend des risques inutiles. Le ski doit être du plaisir.