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Histoire du village


Photo B. Averous


La commune de Réotier s’étend depuis la Tête de Vautisse, 3156 m, jusqu’à la Durance qui coule à l’altitude de 870 m. Une quinzaine de hameaux la compose.  La faune et la flore varient suivant l’altitude depuis le plan de vigne jusqu’à l’edelweiss et de la poule d’eau à la perdrix lagopède.


 


A sa confluence avec le Guil, la Durance fait un coude autour d'un énorme bloc rocheux qui constitue un poste de surveillance remarquable vers l'amont et l'aval de la rivière, le Queyras, le col de Vars. Cette situation sur une voie de circulation très fréquentée qui longeait la rivière a permis l'établissement de populations dès l'antiquité. 


A la période romaine, la Voie Cottienne, qui, par le col du Mont-Genèvre, joignait Rome à sa Province de Narbonnaise, suivait la vallée de la Durance avec un relais (mutatio) à Rame (rive droite de la Durance, sur le territoire actuel de la commune de Champcella) et une étape (mansio) à Embrun. Elle devait éviter la plaine le long de la rivière, notamment à cause des inondations fréquentes, et passait vraisemblablement vers 1500 mètres d'altitude, sur le replat de Truchet, puis vers la Bourgea, les Casses, les Clots (sur la commune de Saint Clément). Cet itinéraire avait en outre l'avantage stratégique d'être surplombant, permettant ainsi de voir sans être vu.


Au Moyen-Âge, Réotier, comme la plus grande partie de l'Embrunais est assujettie à deux princes : l'Archevêque d'Embrun et le Dauphin. Une même communauté, le mandement de Réotier, englobe jusqu'au XIIIème les territoires de Réotier et de Saint Clément, mais le Dauphin décide la construction d'un château à Réotier (qui se sépare alors de Saint Clément) en élevant le village au rang de châtellenie : « le Dauphin voulait-il, par exemple surveiller les agissements d'un seigneur trop remuant, il créait une châtellenie sur les lisières de son fief pour prendre, au besoin la défense des sujets delphinaux ( ... ). La châtellenie de Réotier fut ainsi créée contre l'archevêque d'Embrun et l'évêque de Gap ».


Le château de Réotier symbolise alors la puissance du Dauphin face aux fortifications archiépiscopales de Saint Crépin, Guillestre, Risoul et Saint-Clément.


Est-ce de cette époque que date la rivalité entre les « chats » de Saint-Clément et les «rats » de Réotier ? En effet, de temps immémoriaux il existe une rivalité agressive entre ces deux villages, concrétisée, entre autres, par des bagarres d'enfants jusqu'au début du 20ème siècle.


Selon la légende locale les surnoms des chats et des rats remonterait à l'époque napoléonienne; une troupe était cantonnée dans la plaine de la Durance avec toute son intendance et ses réserves de nourriture. Les rats, attirés par toutes les denrées comestibles, s'en nourrirent jusqu'à ce que les militaires introduisent des bataillons de chats afin d'éliminer les prédateurs. On raconte que ces derniers fuirent pour sévir en toute tranquillité à Réotier.


Du château qui dominait l'église ne subsistent que quelques soubassements, une bonne partie des pierres ayant été réutilisées pour la construction des édifices voisins.


Château


A propos de l'église, les roteïrolles (autrement dit les habitants de Réotier) sont surnommés les picate praïre (picate faire tomber, dégringoler, le praïre est le prêtre) : à l'époque des guerres de religions, les habitants protestants du village prirent le curé qu'ils enfermèrent dans un tonneau aux parois abondamment garnies de clous ressortant à l'intérieur. Ils lâchèrent ensuite le tonneau et son contenu devant l'église, dans la pente qu'il dévala jusqu'à la Durance. Inutile de dire que le pauvre curé n'avait aucune chance d'en réchapper ! (Une autre version impute au prêtre un empressement trop assidu auprès de certaines paroissiennes, ce qui aurait fortement déplu aux maris ... )


Secteur de l'église


Photo B. Averous


Informations tirées du hors-série n° 13 du Pays Guillestrin rédigé par Claude Chaix


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