13 octobre 2016 - Mis à jour le 27 novembre 2018
L’ECONOMIE PASTORALE AU MILIEU DU XXème siècle
Le système des « Petites montagnes »
L’économie de Réotier est totalement pastorale au début du XXème siècle. Elle le reste jusqu’aux années d’après guerre mais se dégrade rapidement quand la génération du baby boom devient active.
Chaque famille vit alors avec quelques vaches, quelques moutons et chèvres et élève un ou plusieurs cochons. C’est une économie de subsistance où le seul produit rapportant un peu d’argent est le lait, valorisé directement dans chaque famille ou vendu à la fruitière du Goutail avant la guerre de 14 puis, pour certains, à celle de la Bourgeat après 1928. Dans les années 20 déjà la société suisse Nestlé, spécialisée entre autres dans le lait condensé, s’est implantée à Gap. Elle installe une « antenne » à Eygliers Montdauphin, proche de la gare, raccordée à la voie ferrée. Elle emploie quatre personnes à plein temps dans les années 50. Son système de collecte du lait continué par Alpelait durera jusqu’à la cessation totale du ramassage et de l’économie laitière à Réotier en 1992 (voir ici).
Organisation rare dans les Alpes du Sud, les mouvements du bétail se font sur le modèle « petite montagne » des Alpes du Nord. Les vaches passent l’hiver dans l’écurie de la ferme, ne sortant guère que pour boire au bassin du hameau. Elles mangent le foin stocké dans les granges ou des dépendances parfois éloignées, quand il n’y a pas assez de place. Dés que le printemps avance les bêtes rejoignent la « petite montagne ». Ce sont des « chalets » des hameaux d’altitude d’autrefois, pour certains anciens habitats permanents comme Truchet ou le Villard.
Ainsi chaque famille possédant une petite montagne effectue chaque année de mai à octobre une « maïre » (la remue des savoyards) à Truchet, Mikéou, Le Clot et le Villard. Bouffard, sur la commune de Réotier, mais très excentré, vit la même chose avec les paysans de Chanteloube, hameau de St Crépin. Les bêtes pâturent des prés qui ne seront pas fauchés et les prés bois du mélézin. Chaque soir, les femmes montent au chalet, après les travaux agricoles et domestiques pour la traite du soir. Elles restent la nuit. Après une veillée avec les autres femmes vivant cette migration quotidienne elles vont brièvement dormir car au lever du jour c’est la traite du matin avant de redescendre à la ferme reprendre les travaux « d’en bas ». A tour de rôle une ou deux d’entre elles resteront à la petite montagne plusieurs jours pour garder le troupeau commun de la petite montagne.
PORTEURS ET PORTEUSES DE LAIT
Pour les petites montagnes isolées et éloignées du point de collecte du lait, s’il n’y a pas transformation sur place, il faut évacuer le produit de la traite au plus vite. Les pistes carrossables avaient moins d’extension qu’aujourd’hui. Ainsi, quand c’était possible pour une production relativement importante, le mulet était chargé de porter les bidons jusqu’au bout de la piste. Dans les alpes du nord, le transport pouvait se faire sur un traîneau ou une charrette.
A Réotier comme dans les communes voisines, ce transport se faisait à dos d’homme… ou de femme. Quand la société Nestlé s’est implantée a Eygliers Montdauphin, elle a fourni des bidons alu de 20 litres à fermeture efficace, quasi hermétique. La encore plusieurs solutions existaient pour les évacuer. Pour un bidon c’était la « taque », sorte de claie de portage, en bois avec un crochet pour tenir le bidon ou la charge. L’outil le plus utilisé était en réalité le « jouquet » (ou petit joug) utilisant le même principe de balancier que les paysans d’Asie du sud-est : une pièce de bois de frêne plate avec une large découpe au milieu pour s’adapter à la forme du cou au dessus des épaules. Au deux extrémités un trou où passe une corde de chanvre munie d’un crochet métallique servant à suspendre les bidons. Quarante kilos ! Ce n’est pas facile mais une fois la charge équilibrée, c’est beaucoup moins pénible que la claie, car le poids est mieux réparti et à la verticale de la colonne du porteur.
C’est devenu un objet rare. Marc Gerard des Pasques sur Saint Crépin a bien voulu nous montrer le sien et se mettre « en situation ». Un grand merci pour cette sauvegarde de la mémoire de cet outil et de cette pratique.
Mikéou des années 30 ; Julie Argence des Sagnes. A gauche le chalet d’Henri Carre à droite celui de Marcel Izoard : Josette n’a qu’à traverser le chemin pour changer de petite montagne quand elle se marie.(Ph.M.Blanc).
Le lait est mis au frais au ruisseau ou dans une cave avant le passage du laitier qui le descendra à la laiterie de Montdauphin. Celles qui n’utilisent pas ce système transforment elles mêmes le lait sur place. Ces femmes effectuant ce travail épuisant sont appelées « rassières » à Réotier. Vocable que je n’ai rencontré qu’ici, à l’origine énigmatique. Ce travail très fatiguant est dévolu en général aux jeunes filles, quelques fois à une domestique. A défaut la maîtresse de maison ou les hommes s’y mettent. Il y a donc aussi des rassiers.
Au début de l’été toutes les vaches taries et génisses de Réotier forment un unique troupeau confié à un berger. Les vaches, prioritaires pour le passage dans les pâturages communaux, commencent par les alpages du Vallon puis de la Selle avant de rejoindre l’Alp. Quand les vaches sont passées, le berger des moutons prend la suite avec le troupeau communal. Au cœur de l’été la petite montagne est souvent vide. Les rassières libérées sont aussitôt reconverties pour les travaux de la ferme, la fenaison, la moisson… Dès la fin de l’été elles reprennent leur va et vient avec la descente plus ou moins précoce de l’Alp des vaches allaitantes, puis début octobre de tout le troupeau. Elles resteront le plus tard possible. Souvent après la St Luc . Avant de fermer le chalet pour l’hiver chaque famille veille au remplissage de foin dans la grange et à la protection du stock de pommes de terre dans les caves.
Dans le bas de la commune les travaux agricoles battent leur plein. Il faut labourer, semer, désherber, arroser les cultures de légumes, les céréales ( le blé de printemps ou le blé d’hiver déjà en terre depuis l’automne ; le seigle et l’avoine en perte de vitesse ) soigner les vignes et les fruitiers, s’occuper de la basse-cour et du petit bétail restant, engraisser le cochon…Bref, des journées de labeur interminables, épuisantes où l’on récupère toute la main d’œuvre possible, les enfants, les membres de la famille en vacances… Pourtant plus le temps passe, plus les bras font défaut… définitivement. L’arrivée tardive de la mécanisation ne change pas la donne. Il faut se résoudre à abandonner les terres les plus difficiles, les plus pentues, les plus petites… Michel Eymar se souvient de la fin de la dernière saison au Villard, précipitée par une grosse chute de neige, qui avait coincé Albert Thiène le berger des moutons à l’Alp. Il avait fallu faire une véritable expédition pour tracer un passage aux bêtes.
Un jour on se décide à liquider les vaches. L’une après l’autre les petites montagnes ferment. Les rassières se font rares…puis disparaissent à leur tour.
Jeanine Guieu sera la dernière en 1992 à Mikéou.
Cette période de prospérité de l’élevage bovin a laissé une forte empreinte dans la mémoire de toutes celles et ceux qui l’ont vécue. Ils ne s’étendent pas trop sur les difficultés de leur vie quotidienne mais plutôt sur les bons moments. Pour ceux qui restent encore autour de nous c’était le « bon temps » de leur jeunesse.
Ainsi Cathy Vincent (Hernicot) se souvient : « Pour moi, enfant, un autre moment joyeux, c’était la montée des vaches car dans les chalets on retrouvait des familles qu’on ne voyait pas souvent durant l’hiver. Les villages de chalets ne correspondaient pas aux villages du bas. Pour Truchet, chaque famille accompagnait ses bêtes à Pré Bouchard pour qu’elles fassent connaissance, c’était un lieu assez fermé et pas dangereux.
Pendant que les vaches « se rudaient », c’était souvent impressionnant, les enfants en profitaient pour jouer dans le bois.
Je pense aussi à la période des foins qui se terminait vers le 10 août aux Grands Prés. Enfants, on aimait ce moment, car d’abord ça annonçait la fin de ce gros travail (le regain, ça piquait moins!!) mais aussi, parce que c’était le seul endroit où presque tous les propriétaires se retrouvaient. On se regroupait parfois pour manger, les enfants pouvaient jouer ensemble, il y avait une ambiance joyeuse.
Cette étape annonçait aussi la grande fête de la Saint-Laurent et le traditionnel pèlerinage au Vallon du Lac. Une anecdote à ce propos, jusqu’à la construction de la route de l’Alp, les jeunes enfants étaient privés de cette sortie car trop longue pour eux. Alors, pour les consoler, on leur racontait que là-haut, il y avait une sorcière qui leur ferait manger la soupe de « poustille » un horrible mélange d’herbes et de crottes de chèvres. Affolés par cette histoire, on acceptait plus volontiers de rester en-bas avec les grand-mères.
Les vaches au Laus à la St Laurent dans les années 40. Aujourd’hui ce sont les moutons.(Ph.G.Domeny).
Un autre temps fort de la vie des « rassières », c’était la Saint-Michel (le 29 septembre). Il annonçait la fin de la saison dans les chalets et le retour des « mamans » au foyer mais c’était aussi, le temps d’un chocolat partagé avec les voisins d’un même village. Pour moi, aller boire un chocolat et manger une tartine de confiture, le soir après la traite, chez les Escoffier ou les Castellacci, c’était un plaisir inouï. »
L’hémorragie inéluctable de population condamne le système des petites montagnes. Elle oblige à une mutation économique pour maintenir une activité pastorale viable pour ceux qui veulent continuer à vivre de la terre à Réotier. Nadine Castellacci reste la seule éleveuse de vaches. Elle tient bon jusqu’à aujourd’hui. Le groupement pastoral lui permet de se libérer de ses bêtes en été. Avec leurs « copines » de Chateauroux et St Clément elles restent sur la commune, pâturant les prés et sous-bois entre Mikéou et le Vallon. Troupeau sans berger, cantonné dans un parc immense centré sur les grands Prés au dessus du Villard.
Août 2016 aux Grands Prés ; les tarines de Nadine Castellacci perdues au milieu des « blanches étrangères » du groupement pastoral.
Les rois de l’alpage de Réotier sont désormais les moutons.
J’ÉTAIS RASSIERE A MIKEOU
Une saison des années 40 à la petite montagne de Mikéou avec Josette Carre.
Josette est un bel exemple de ce qu’ont vécu les familles paysannes à Réotier à l’époque où vie pastorale et vie tout court ne faisaient qu’un. Fille d’Henri Carre, elle est née aux Sagnes en 1927. Elle a été précédée par deux frères et sera suivie par une sœur et un autre frère. Le destin de cette famille de taille normale pour l’époque (ce serait une famille nombreuse aujourd’hui) ressemble à celui de beaucoup d’autres dans les montagnes. Henri le fils aîné restera à la ferme natale pour travailler la terre. Georges le suivant fera une belle carrière « ailleurs » en partant à l’armée. Josette après son certificat d’études travaille aussi à la ferme natale avant de se marier et partir travailler à La Gagiére sur l’exploitation de son mari Marcel Izoard. Sa sœur cadette Yvette quitte les Sagnes pour tenir une charcuterie à Marseille. A 14 ans Maurice, le plus jeune frère, la rejoint. Avant cela c’est Josette, de onze ans son aînée, qui l’a élevé puisque la maman était malade.
Josette se souvient de ces très longues journées de travail mais aussi de cette vie grouillante à la maison. Sept ou huit bouches à table tous les jours ! Tout le monde met la main à la pâte pour trier les légumes ou préparer, nettoyer. Ce n’est pas très varié. La soupe est quotidienne et la viande rare. On mange avant tout ce que produit la ferme. Les pommes de terres, le lait, la tomme, du jambon cru, des fruits quand il y en a, constituent l’essentiel des menus. Pour les enfants à quatre heures, c’est un peu le luxe avec un morceau de chocolat pour accompagner le pain. Au petit déjeuner on avale un bol de lait accompagné de pain et de confiture. Le beurre est exceptionnel aux Sagnes.
C’est pendant les années 40 que Josette sera « rassière » de la ferme Carre à Mikéou…Elle continue à être « rassière » de 1946 à 1982, cette fois-ci pour la ferme Izoard devenue la sienne. Bien sûr il y aura des interruptions passagères quand elle sera enceinte de ses trois enfants, José, Roselyne et Monique en 1948, 1950 et 1954. C’est alors Marie Izoard, la grand-mère qui reprendra du service ou Marcel, son mari. Ce dernier montera d’autant plus volontiers qu’il s’est acheté une moto et que les longues marches se transforment en partie de plaisir sur la route. D’autres feront comme lui, mais les femmes continueront… à pied. Josette a beaucoup de choses à dire sur la vie quotidienne à cette époque. Elle sait ce dont elle parle :
« On montait à Mikéou vers le 20 mai. Tout le monde languissait ce moment. Toutes les bêtes partaient là-haut : ça débarrassait. Il y avait besoin de monde pour accompagner les bêtes très excitées. Les veaux surtout nous faisaient damner. Il y avait de la folie dans l’air. Pendant qu’on montait à pied, la charrette portait la « maîre » au chalet. Un vrai bric à brac : les bidons pour le lait, de l’huile, la barrique de vin, les matelas et tout ce qui pouvait servir pour la saison. Heureusement les patates étaient déjà la haut. Elles passaient l’hiver en haut car il ne gèle pas dans les caves. Restait à s’installer. Depuis début mai on avait déjà un peu aéré et nettoyé la maison quand on montait dans les champs autour du hameau pour semer l’orge ou planter les pommes de terre. Les mauvaises années avant de pouvoir planter il faut accélérer la fonte de la neige qui couvre encore les champs en la « terrant ». Pour éviter que les bêtes n’aient trop froid on fait parfois du feu dans les écuries.
Dés le premier soir il faut traire et se coucher tôt car demain matin à l’aube il faudra traire encore avant de descendre aux Sagnes pour travailler. Et c’est parti comme ça jusqu’à la St Luc. »
Mikéou 1934 avec de droite à gauche : Henri Carre, Gabrielle Rigaud, Léonie Izoard, Gabrielle Laurent, René Vincent le laitier, Yvonne Domeny, Juliette Izoard, Marie Refondini et Yvette Guieu. (Ph.M.Blanc).
Le hameau de Mikéou compte les « chalets » de neuf familles. Ainsi se trouvent réunis pour cette saison avec Josette Carre : Jeannette Brun, Yvonne Domeny, Odette Guieu, Augusta Rigaud, Gaby Laurent et Joseph Izoard (ou une bonne ou un enfant de l’assistance publique). Chaque chalet compte une écurie, une cuisine et une grange. Aucune commodité. L’eau est au canal. C’est dans ce même canal que l’on place les bidons de lait pour les refroidir jusqu’au passage du laitier.
Les troupeaux de chaque famille sont de taille variable. Ainsi Josette avait sous sa garde une dizaine de vaches (4 génisses, 4 laitières, 2 génissons) tandis que les Guieu rassemblaient en général 8 laitières, 4 génisses et 4 génissons… Nombre à peu prés identique pour les Domeny et les Brun. Ce chiffre a de l’importance car il conditionne le tour de garde du troupeau du hameau. La règle adoptée veut qu’une journée de garde corresponde à la présence de quatre vaches. Avec ce système les deux rassières bergères de service vont rester avec les bêtes de deux à quatre jours tandis que leurs camarades font les allers retours vers les hameaux de la ferme familiale pour travailler aux champs ou à la maison comme si de rien n’était. Une demi-heure pour descendre mais une heure pour monter chaque fois ! Vers 7h00 le matin les rassières dégringolent vers le bas le bidon de lait à la main pour la famille. Les bergères partent de leur côté avec le baluchon ou le sac de casse croûte pour faire paître les prés et sous bois voisins. Elles font boire les bêtes avant de monter vers Fouran. Vers 18h30 tout le monde se retrouve au chalet pour la traite du soir.
A la St Jean, en principe le 24 juin les génisses sont réunies et montées à la cabane du Vallon pour être confiées au berger communal. A tour de rôle les paysans lui rendent visite pour l’approvisionner et lui porter le sel. Tout le monde se retrouve bien sûr au Vallon du Lac (Le Laus) le 10 août pour la St Laurent : procession, messe, pique nique, conversations animées, chants… tous les ingrédients de la fête sont réunis au bord du lac et prés de la « chapelle » que seule une petite croix métallique rappelle aujourd’hui.
Les ruines de la chapelle.Les dates visibles sur les pierres (1888-1889) sont beaucoup plus récentes que la date de construction primitive. En 1858, une souscription était déjà lancée à Réotier pour une reconstruction. Il y avait donc sur ce site une chapelle plus ancienne. La croix de St Laurent, gravée aussi, domine le rocher servant de support à ce petit édifice.
En septembre on monte aussi pour ramener au village les vaches prêtes à faire veau.
Martine Berthalon (Domeny) qui fut aussi rassière à Mikéou dés l’âge de 13 ans use des mêmes mots que Josette pour évoquer la difficulté de ces temps de pastoralisme traditionnel. Pendant dix ans, de 1961 à 1971, jusqu’à son mariage elle subira cette activité conforme aux usages paysans de ce temps. Comme beaucoup de jeunes filles elle rêvait d’une autre vie éloignée de ces réalités. Elle garde les meilleurs souvenirs des moments partagés avec les autres rassières mais vous ne lui ferez pas dire que c’était le bon temps. Dés son mariage elle passe à autre chose avec son prince charmant dans les Baronnies. Elle reviendra vivre à Réotier cinq ans plus tard mais pour tenir un commerce à Guillestre. Aujourd’hui, la petite montagne est devenue une superbe habitation où les éléments du travail d’autrefois servent de décor. Christian Berthalon a transformé ces lieux austères en agréables pièces à vivre. Martine y séjourne régulièrement le cœur léger, sans nostalgie.
Au Villard la maison de Baptiste Eymard. Habitat permanent jusqu’au XIXème siècle, petite montagne au XXème. Elle est dans l’état du temps des rassières, mais, très ruinée, elle est en danger.
L’écurie telle que l’a laissée Michel Eymar quand il a descendu les dernières vaches à l’automne 1972.
Les autres petites montagnes ont la même pratique. Au printemps les familles Maurel et Bernaudon du Clot fonctionnent avec Mikéou tandis que le Villard est à part.
Les sept familles de Truchet (Castellacci, Buffe, Escoffier, Rey, Rostan, Gauthier, Muraille) font durer la saison jusqu’à la neige, parfois après Toussaint.
Mikéou ne voit plus passer aujourd’hui que les vaches et les moutons du groupement pastoral. Les prés sont fauchés et bottelés au tracteur. Le paysage semble immuable. En fin de printemps et à l’automne la présence des bêtes pas loin des chalets peut donner l’impression que ce cycle annuel se perpétue. Il n’en est rien. Les chalets sont devenus des résidences temporaires d’été des familles des propriétaires. Eux aussi ont été « toilettés ».
Si l’allure extérieure a peu changé l’intérieur lui est devenu confortable pour un usage résidentiel. La vie pastorale continue, étrangère au hameau qui l’animait autrefois. Jeanine Guieu , la dernière rassière y passe encore de belles journées d’été avec sa fille Claire. Elle a tout son temps maintenant, et nostalgique pense tous les jours à la vie animée de sa petite montagne de Mikéou au temps où les vaches étaient les reines de l’alpage.